Le thérapeute ignore toujours ce qui va émerger de l’histoire de la personne, ni de quelle manière le processus de création va influencer sa parole et sa production dans le médium choisi ou proposé.

La création du patient est le reflet de ce que le patient y a projeté ou ce qu’il a voulu représenter.

Il y a toujours une marge de liberté dans les consignes, ce qui permet au patient de s’approprier le thème ou la technique et de laisser libre court à sa créativité, son inspiration, son imagination. Il n'est pas nécessaire de savoir dessiner !

D’ailleurs certains sont très étonnés de découvrir un potentiel, voire un talent qu’ils ne soupçonnaient pas jusqu’alors. Parfois, les exercices sont plus ou moins appréciés, mais tous jouent le jeu et encore plus quand cela paraît difficile ou compliqué d’un premier abord. Ils ont l’occasion de dépasser leurs croyances limitantes sur ce qu’ils pensaient être capable de faire.

C’est là tout le processus thérapeutique : Expérimenter, oser essayer, ne pas se juger, explorer ses possibilités, revisiter le passé, s’affirmer, se renforcer, dépasser ses peurs, travailler sur ses émotions…La métaphore créatrice participe symboliquement à une renarcissisassions de la personne.

Les thèmes choisis vont de manières symboliques faire écho au vécu du patient et à ses représentations psychiques.

Ces petites victoires, ateliers après ateliers restaurent une image de soi abimée par la maladie, et permet de retrouver confiance en soi et plaisir de créer. Se tromper, rater, ne pas être parfait, n’a aucune importance.

Immergé dans cet espace transitionnel contenant, accompagné et porté et accueilli par le groupe, le patient s’autorise à faire taire ses ruminations en sortant de son isolement physique et/ou mental.

J’ai pu constater que certains qui arrivent, muets, fermés, torturés, stressés, angoissés… lors du premier atelier, sont souriants, volubiles, actifs, curieux…après 2 ou 3 ateliers, une fois les mécanismes de défenses dépassés. 

Chacun est invité à s’exprimer sur le thème, et à laisser une trace écrite, s’il le souhaite (pour ne pas mettre en difficultés certaines personnes mal à l’aise avec l’écriture), des sensations, émotions, pensées, souvenirs qui ont surgi lors de l’exercice. Ne pas forcer, ni mettre en difficulté. Le but n’est pas esthétique ou technique.

L’intention du thérapeute est de déclencher chez le patient de l’attention et une réflexion sur lui-même : introspection, résonnance, exploration des affects, à son rythme.

Laisser émerger ce qui doit l’être.

Parfois, il s’agit tout simplement, de retrouver le plaisir du jeu, du toucher, de jouer avec des matières, des formes, des couleurs, le plaisir de renouer un moment avec son âme d’enfant et d’y puiser de l’énergie pour entamer un processus de résilience.

Le patient pourra ensuite, pour progresser vers la guérison, s’enrichir d’autres expériences en thérapie de groupe, et lors de séances individuelles, continuer à travailler plus en profondeur, ce qu’il a conscientisé lors des ateliers. (Par le dessin et autres moyens d’expression)